La diplomatie vaticane après le tocsin des chrétiens d’Orient

Pietro Parolin

Les patriarches des Églises d’Orient ont entrepris d’innombrables démarches, ces dernières semaines, afin de mettre un terme à la guerre en Syrie. En parallèle, on a constaté chez les catholiques, les orthodoxes et les protestants levantins une mobilisation sans précédent pour relever les défis qui menacent leur présence multiséculaire sur cette terre d’Orient, suite aux appels de certains opposants fanatiques prônant l’application de la « charia ».

En écho, l’appel du pape François, le 7 septembre, à une veillée de prière et de jeûne a été le premier acte d’une série d’actions de sensibilisation et de mobilisation. Ont suivi la convocation des ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, la lettre adressée aux dirigeants du G20 réunis en sommet à Saint-Pétersbourg et l’initiative prise par le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical « Justice et Paix », pour exhorter l’ONU à adopter une résolution « contre la persécution, notamment celle exercée contre les chrétiens » pris en otages dans des conflits militaires et sciemment visés par les groupes islamistes.

Le cinquième acte de la diplomatie vaticane aura lieu lors d’une réunion œcuménique, en novembre, à Rome, en présence du pape François et des chefs des Églises catholique, orthodoxes et protestantes du Proche-Orient. Une première dans les annales.

Deux événements importants en ont balisé le chemin :

1. La rencontre du pape François avec le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Jean X Yazigi, au Vatican, fin septembre, afin de se concerter au sujet de la paix en Syrie et au Moyen-Orient et des moyens de consolider la présence chrétienne et le pluralisme dans cette région ;

2. La concertation entre les patriarches catholiques et orthodoxes réunis au Liban la semaine dernière, au sujet de la voie à suivre en vue de préparer la réunion avec le pape François le mois prochain.

Dans ce cadre, un « premier congrès général des chrétiens du Levant » se réunira fin octobre à Beyrouth, avec les chefs et représentants des Églises d’Irak, de Syrie, de Jordanie, de Palestine, d’Égypte et du Liban, et des représentants de la diaspora issue de ces pays.

L’objectif est de rassembler les efforts pour consolider la présence des chrétiens dans leur pays natal, d’activer leur participation à la vie publique sur la base de l’égalité entre les citoyens, de protéger les libertés politiques et religieuses et les droits de l’homme, de refuser l’extrémisme religieux, ainsi que d’étudier les conséquences du conflit israélo-arabe sur le devenir des chrétiens levantins. Cette dynamique pourrait avoir des échos durant l’Assemblée plénière des évêques de France prévue à Lourdes début novembre.

Pour contribuer à la campagne de sensibilisation des Églises de France et des autorités politiques du Vieux Continent, une première pétition en faveur de l’enracinement des chrétiens d’Orient dans leurs pays d’origine a été lancée la semaine dernière à Paris (lire « Pourquoi créer une coordination pour les chrétiens d’Orient ? », interview de Patrick Karam, dans La Croix du 30 septembre).

Au final, la feuille de route pour le Moyen-Orient de Mgr Pietro Parolin, le nouveau secrétaire d’État, qui entrera en fonction le 15 octobre, aura été bien balisée.

La Croix 4/10/2013, Georges Sassine, éditorialiste libanais

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