Bombardements en Syrie: les 7 erreurs capitales de la France

Patrick Karam, président de la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO) salue les premiers bombardements de la France en Syrie qui corrigent une incohérence puisqu’une intervention aérienne limitée à l’Irak n’avait aucun sens stratégique et militaire s’agissant d’un mouvement à cheval entre les deux pays mais considère qu’il s’agit de la poudre aux yeux pour occuper l’opinion qui masque un cuisant échec de la communauté internationale contre les mouvements terroristes islamistes.

D’abord cette décision est essentiellement symbolique puisque la France rejoint une coalition qui bombarde déjà en Syrie, que deux tiers des avions reviennent sans savoir pu lâcher les bombes faute d’avoir des fixeurs au sol, que les moyens aériens nationaux sont cent fois plus faibles, et enfin en Irak les bombardements ont échoué à mettre en échec Daech.

Ensuite parce que nous continuons à faire des erreurs stratégiques et à jouer avec le feu, dont profitent nos ennemis pour prospérer.

Ce fut le cas à Mossoul en juin 2014, pour en pas renforcer le premier ministre irakien Al-Maliki, proche d’Assad et de l’Iran, et accusé de brimer ses sunnites, nous n’avons pas mis hors de combat les 1500 hommes de Daech qui partaient à l’assaut d’une zone stratégique, permettant à ce ramassis de terroristes régionalistes de devenir une menace mondiale.

Ils étaient au total entre la Syrie et l’Irak une dizaine de milliers de combattants. Leur nombre est aujourd’hui multiplié par 7 ou 8. Et plus nous attendons pour les éliminer et plus ils se renforcent.

De nouveau, à Palmyre, parce qu’il ne fallait pas donner le sentiment de soutenir Bachar El-Assad, la coalition internationale a abandonné à Daech cette zone stratégique essentielle, qui ouvre aux islamistes, la route de Damas et lui permet de contrôler la moitié de la Syrie et toute sa production d’hydrocarbure.

Le nouveau scénario en Syrie offre une nouvelle illustration du cynisme et des erreurs d’appréciation qui livrent l’Orient à des barbares sans foi ni loi et exposent la France et l’Europe aux terroristes.

La Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont aidé à créer en 2015 « l’Armée de la Conquête », une coalition incluant des factions islamistes dont le Front Al Nosra, pourtant affilié à Al Qaida et entendent utiliser la dangereuse carte de l’opposition entre djihadistes pour combattre Daech, faire tomber Damas et en filigrane contrecarrer l’expansionnisme iranien perçu comme menaçant. Ils veulent vendre cette alliance à des pays occidentaux crédules ou appâtés par l’ouverture de marché ou la vente d’armes.

C’est oublier qu’à la fin l’Occident est toujours l’ultime cible des islamistes et que les États sunnites finissent par payer le prix de ce marché de dupes, comme l’Afghanistan nous l’a largement prouvé par le passé.

Pour couronner le tout, nous fermons les yeux sur le double jeu de certains États.

La Turquie, déjà coupable du génocide arménien qu’il refuse de reconnaitre, est, un siècle plus tard, de nouveau complice du génocide des chrétiens d’Orient, des yézidis et des minorités et de la déstabilisation de la zone en permettant le trafic d’hommes, d’armes et de pétrole sur son sol au bénéfice des organisations terroristes qui sévissent maintenant sur notre sol et en Europe.

La récente volte-face du gouvernement d’Erdogan en juillet 2015 qui autorise tardivement l’utilisation de ses aéroports militaires aux avions de la coalition est un leurre ; comme les soi-disant interventions contre Daech sont en réalité d’abord dirigées contre nos alliés Kurdes qui combattent les mouvements terroristes en Syrie et en Irak et qu’elle affaiblit par ses bombardements massifs.

Il faut maintenant avoir le courage de reconnaitre que cette stratégie de gribouille est une impasse politique et militaire et nous entraine vers le chaos.

L’intervention militaire au sol est inéluctable. Plus nous attendons et plus les conséquences seront terribles.

Détruire les fabriques de terroristes qui déstabilisent l’Orient, menacent l’Afrique, exterminent les minorités, poussent des vagues de réfugiés vers l’Europe et qui endoctrinent par milliers des Français et des Occidentaux en nous exposant à des actions terroristes sur notre sol doit devenir une priorité par la constitution d’une large coalition internationale, à laquelle devraient adhérer des pays réticents ou spectateurs, coalition capable de se projeter militairement au sol en Irak, en Syrie, en Libye et de nouer des alliances conjoncturelles même contre-nature dans ce seul but.

chredo65Communiqué de Presse 27 septembre 2015 | CHREDO Communication

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